Silence, on tourne !

Peut-on tout pardonner? Non. On n'oublie jamais rien, on vit avec.

Son regard calculateur, ses mains abîmées, son sourire pervers, ses cheveux courts et gras. Je n'ai rien oublié. Mon bébé qu'il m'appellait. Et sa langue se balladait, et ses mains se balladaient, et mon innocence que je perdais. Et ces cauchemars qui me réveilleront à 20 ans encore.

Ma main dans son pantalon, je fermais les yeux, je coupais la respiration. Un mauvais moment à passer. Un moment qui s'éternise, qui me brise en douceur. "C'est pour ton bien". Et moi je me taisais. Je le laissais faire, comme pétrifiée. C'était de l'amour me disait-il, parce que "je t'aime". Du haut de mes 8 ans je ne comprenais pas. C'est ça l'amour? Alors pourquoi il faut surtout le dire à personne? Pourquoi ça me fait mal? C'est comme lorsque papa tapait maman. Je regardais, impuissante la colère des adultes ruiner mon enfance.

L'enfant en colère est adulte maintenant, mais au fond elle est restée cette petite fille, lâche, versatile. Cette enfant souillée à qui personne n'a jamais expliqué pourquoi.

Les mots, les coups ne me font plus peur. La vie s'acharne et moi je baisse la tête, ça ira mieux. Car cela ne pourra jamais être pire.

Je ne me plains pas. Tout va bien.

Paronnez mon égocentrisme, j'ai mal en moi.